vendredi 3 Mai 2013
John Kane est accusé de fraude informatique parce qu'il s'est servi du bug d'une machine à sous pour gagner 8.200 dollars. Sera-t-il condamné ou non par la justice américaine ?
L'histoire commence en juillet 2009, lorsque John Kane découvre par hasard que la machine à sous sur laquelle il joue a une faille. Cette machine n'est pas d'ailleurs la seule à présenter une anomalie de ce genre, car des défaillances similaires ont été constatées sur d'autres machines venant du fabricant International Game Technology. Toutefois, personne ne s'était rendu compte qu'il y avait un problème et John Kane a juste eu « un coup de chance », selon les propos de son avocat.
En découvrant le bug, John Kane fait appel à un de ses amis (Andrew Nestor). Ils vont ensemble retourner dans le casino une quinzaine de fois dans un délai de 2 mois et jouer uniquement sur la machine à sous défaillante. Ils misent chaque fois environ 10 dollars et gagnent à chaque coup. John Kane a même réussi à faire 5 jackpots en moins d'une heure ! Le manège finit par attirer l'attention des dirigeants du casino qui font appel aux autorités. Quant à la machine à sous, elle sera réquisitionnée par des ingénieurs pour être analysée.
La bataille juridique s'engage donc. Le ministère public fait face à un dilemme, car théoriquement, John Kane et son ami n'ont rien fait d'illégal. On ne peut leur reprocher d'avoir appuyé sur des boutons pour jouer, car cela est parfaitement permis par la législation américaine. En outre, la loi sur la fraude informatique date de 1986 et ne prend pas en compte les dernières évolutions de ce secteur. Elle est donc assez floue sur le sujet et se révèle difficile à appliquer pour les magistrats. L'avocat des deux « fraudeurs » estime quant à lui que ses clients sont parfaitement innocents et qu'on ne peut les condamner pour fraude.
L'affaire est devant la cour fédérale des États-Unis et le juge Miranda Du en charge du dossier doit se prononcer ce mois-ci. En attendant l'issue du procès, la loi sur la fraude informatique se retrouve à nouveau en plein cœur des débats. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer sa vétusté, mais les revendications étaient jusqu'ici restées sans suite. Ce procès va peut-être permettre d'engager des réformes en ce sens.