mardi 25 Février 2025
Le jeu indépendant Balatro, un roguelike basé sur le poker, avait initialement été classé PEGI 18 en raison d'une possible association avec les jeux d'argent. Après une vague de contestations et une réévaluation du système de classification, le jeu a finalement été requalifié, ouvrant un débat sur les critères d'évaluation des mécaniques de jeu. Retour sur cette affaire qui a mis en lumière les limites de la classification PEGI.
Lors de son lancement, Balatro, un jeu de cartes inspiré du poker avec des mécaniques de roguelike, a été frappé d'une classification PEGI 18. La raison ? Son gameplay rappelait les jeux de hasard, même en l'absence de paris réels. Cette décision a immédiatement suscité des interrogations au sein de la communauté vidéoludique, d'autant plus que de nombreux autres jeux intégrant des mécaniques similaires avaient reçu une classification plus clémente.
L'éditeur Playstack a rapidement contesté cette classification, soulignant que Balatro ne permettait en aucun cas de miser ou de gagner de l'argent réel. Pourtant, l'instance PEGI a maintenu sa décision initiale, s'appuyant sur la présence d'un système de mises et de gains en jetons, des éléments qui, selon elle, pouvaient inciter à des comportements liés aux jeux d'argent.
La classification stricte de Balatro a déclenché un débat plus large sur les critères appliqués par PEGI et d'autres organismes de classification des jeux vidéo, comme l'ESRB aux États-Unis. De nombreux joueurs et experts du secteur ont jugé cette décision excessive, arguant que d'autres jeux de cartes ou de hasard fictif, comme Slay the Spire ou Inscryption, n'avaient pas été soumis à une telle rigueur.
Face à la pression médiatique et aux critiques, PEGI a finalement revu sa position et a reclassé Balatro en PEGI 3 en Europe, tandis que l'ESRB a abaissé son rating à "Everyone 10+". Un revirement qui s'explique par une prise en compte plus nuancée du contexte du jeu : l'absence de transactions réelles et l'impossibilité pour les joueurs d'engager des mises avec de l'argent tangible.
L'affaire Balatro marque un tournant dans l'évaluation des jeux intégrant des mécaniques inspirées du hasard. Jusqu'ici, les classifications semblaient se baser sur une approche rigide, assimilant tout système de pari ou de gain fictif à un jeu d'argent. Désormais, cette affaire pourrait inciter PEGI et d'autres organismes à mieux différencier les jeux de hasard réels des mécaniques de jeu purement vidéoludiques.
Ce changement intervient alors que de nombreux jeux, y compris des jeux mobiles free-to-play, utilisent des systèmes de loot boxes et de récompenses aléatoires qui, eux, ne sont pas toujours classés comme jeux d'argent malgré leur impact potentiel sur les comportements des joueurs. Le cas Balatro pourrait-il faire jurisprudence et conduire à une révision des critères de classification pour l'ensemble du secteur ?
Avec cette reclassification, Balatro échappe à un classement qui aurait pu nuire à sa visibilité et à ses ventes. Pour les développeurs indépendants, cette affaire est une victoire symbolique, prouvant qu'il est possible d'influencer les décisions des organismes de classification lorsqu'une erreur d'évaluation est commise. PEGI devra désormais affiner ses critères pour éviter que d'autres jeux ne soient injustement assimilés à des jeux d'argent.
Toutefois, ce débat n'est pas clos. Avec la montée des loot boxes, des systèmes de gacha et des microtransactions en jeu, la question des jeux d'argent et de leur impact sur les joueurs reste plus que jamais d'actualité. L'affaire Balatro pourrait bien n'être que le début d'un plus grand changement dans le monde du jeu vidéo.