mardi 25 Février 2025
Alors que les Pays-Bas ont récemment renforcé leur réglementation sur les jeux de hasard, une étude de la Kansspelautoriteit (KSA) met en lumière un effet indésirable : la montée en puissance des opérateurs illégaux. Une tendance qui inquiète également les acteurs belges du secteur, confrontés à des défis similaires.
Depuis le 1er octobre 2021, le marché néerlandais des jeux de hasard en ligne est officiellement régulé. Toutefois, face aux inquiétudes sur l'addiction au jeu, la Kansspelautoriteit (KSA) a mis en place de nouvelles restrictions, notamment une limitation des publicités et une interdiction des bonus ciblés pour les joueurs à risque. Selon une étude récente de la KSA, ces mesures ont eu un effet positif en réduisant l'exposition au jeu chez les populations vulnérables. Néanmoins, elles ont également favorisé une migration des joueurs vers des plateformes non régulées. Une évolution préoccupante, car ces sites illégaux n'offrent aucune protection aux consommateurs et échappent aux obligations fiscales du pays.
Les données de la KSA montrent que le volume des recherches en ligne liées aux opérateurs illégaux a augmenté depuis l'introduction des nouvelles restrictions. Une conséquence logique, selon certains experts, qui estiment que les restrictions trop strictes poussent les joueurs vers des alternatives moins contrôlées. Un document publié par la KSA décrit la méthode utilisée pour évaluer cette expansion du marché illégal. Elle repose sur l'analyse du volume des recherches internet associées aux sites de jeux non régulés. Les résultats indiquent une hausse significative, suggérant que les joueurs néerlandais contournent les limitations imposées aux opérateurs légaux.
Cette situation n'échappe pas aux opérateurs de jeux belges, qui observent avec attention les effets des régulations aux Pays-Bas. En Belgique, le cadre réglementaire s'est également durci ces dernières années, notamment avec l'interdiction des publicités pour les jeux de hasard entrée en vigueur le 1er juillet 2023. Les acteurs du secteur craignent qu'un phénomène similaire se produise en Belgique, où les plateformes illégales pourraient capter une part croissante du marché. La Commission des jeux de hasard belge (CJH) a déjà exprimé ses préoccupations face à la difficulté de lutter efficacement contre ces sites offshore, souvent basés dans des juridictions où la régulation est plus souple et ce malgré la mise à jour régulière de sa liste noire.
L'exemple néerlandais illustre un dilemme récurrent dans la régulation des jeux de hasard : comment protéger les joueurs sans favoriser l'essor d'un marché clandestin ? Si la limitation des publicités et des bonus peut réduire l'incitation au jeu, elle risque aussi de priver les joueurs d'alternatives légales sécurisées, au profit d'une offre incontrôlée.
En Belgique comme aux Pays-Bas, la question de l'efficacité des restrictions reste donc ouverte. Une régulation stricte, mais équilibrée, semble être la clé pour éviter que la lutte contre l'addiction ne se transforme en aubaine pour les opérateurs illégaux.