vendredi 22 Janvier 2021
Le marché des jeux en ligne belge est régi par un système de licences. Celles-ci sont octroyées par le régulateur et permettent de limiter le nombre d'opérateurs actifs. Grâce à ce dispositif, le gouvernement assure la protection des joueurs ainsi qu'une concurrence équilibrée sur ce secteur. Malheureusement, les sites étrangers convoitent avidement le marché belge. D'après une enquête menée par Ladbrokes et relayée par L'Écho, 500 plateformes pirates sont facilement accessibles depuis la Belgique. Elles ne se privent d'ailleurs pas de faire de la publicité auprès des joueurs.
L'opérateur Ladbrokes figure parmi les sociétés autorisées à proposer des jeux en Belgique. Il possède à la fois des points de vente physiques et un site web. En mai 2020, il a mené une enquête qui a permis d'identifier 250 sites illégaux facilement accessibles depuis la Belgique. Il a remis le couvert à l'automne pour en recenser 500. La Commission des jeux de hasard a immédiatement été alertée afin que des mesures soient prises. Les sites pirates représentent en effet de nombreux dangers.
Ils livrent avant tout une concurrence déloyale contre les opérateurs légaux. Contrairement aux plateformes étrangères, ceux-ci doivent se soumettre à diverses règles contraignantes comme l'interdiction de bonus ou la limitation de publicité. À cause de ce handicap, ils ne font pas le poids face aux offres alléchantes des sites pirates. La situation est d'autant plus critique depuis le confinement. Les opérateurs légaux sont en effet obligés de se rabattre sur le marché digital afin de maintenir leur activité et combler les pertes du marché physique.
Ensuite, les sites pirates mettent en danger les joueurs. Ceux-ci se retrouvent sans aucune protection puisque la législation belge s'arrête à ses frontières. Ils deviennent donc des cibles faciles pour les escrocs et les arnaqueurs. À cela s'ajoute le risque de dépendance au jeu. Les plateformes étrangères ne sont en effet soumises à aucune limitation de mise (500 € par semaine). Enfin, le marché illégal pénalise l'État fédéral et les Régions. Il les prive de recettes fiscales issues des impôts sur le produit des jeux ou l'exploitation d'une licence.
Les résultats de l'enquête menée par Ladbrokes ont suscité de nombreuses réactions. L'Union professionnelle des agences de paris est notamment montée au créneau. Elle invite le gouvernement à prendre le problème à bras-le-corps afin d'éradiquer le jeu illégal. La Commission des jeux de hasard a aussi été pointée du doigt. Le régulateur possède actuellement une liste noire qui regroupe les sites illégaux. Celle-ci compte 192 adresses illégales à l'heure actuelle, dont les trois derniers ont été ajoutés il y a 2 jours. Des dispositifs ont été mis en place afin de bloquer l'URL de ces sites, mais 45 d'entre eux restent encore accessibles d'après Ladbrokes. Certains n'auraient eu qu'à modifier une lettre dans leur adresse pour éviter le blocage. Des améliorations doivent donc être apportées au système actuel. À noter que Ladbrokes a réussi à créer des comptes et à jouer sur 156 des 500 sites recensés, dont 13 étaient sur la liste noire.