jeudi 27 Juillet 2023
213 millions d'euros. C'est le gros chiffre qui fait peur en ce moment dans le monde du football belge. Il s'agit du montant des pertes totales des clubs de Pro League sur la saison 2021-2022. S'il a déjà de quoi être horrifiant, ce chiffre devient plus qu'alarmant quand on sait qu'il résulte d'une baisse de forme continue de 5 ans. Durant l'exercice 2019-2017, les clubs étaient en effet tous dans le vert. Depuis, ils enchainent les bilans négatifs et viennent d'atteindre un pic suite au covid et à la crise énergétique. Aujourd'hui, les observateurs se demandent si le football belge ne risque pas la faillite.
Dans le monde du football, les clubs vivent surtout du sponsoring, des ventes de ticket, du merchandizing et des droits TV. En Belgique, malheureusement, ces sources de revenus ne suffisent pas pour faire face aux augmentations des salaires et aux divers investissements nécessaires pour rester compétitifs. Les revenus de sponsoring vont drastiquement diminuer avec le retrait progressif des opérateurs de jeux en ligne, avec l'application de la loi de la publicité des jeux de hasard le 1er juillet. À noter d'ailleurs que les premières sont devenues particulièrement alarmantes depuis 2019.
Selon les chiffres de la Commission des licences, elles s'élèveraient à 56,8 % sur les 4 dernières années. En parallèle, les revenus n'ont grimpé que de 21,43 % sur la même période. Les investissements quant à eux ont également explosé notamment pour les transferts. Les clubs ont en effet besoin de renouveler régulièrement leur équipe pour en partie faire face aux départs, mais aussi pour maintenir un niveau de compétitivité.
Pour Trudo Dejonghe, économiste du sport à la KU Leuven, le modèle belge ne fonctionne pas. Pour rester dans le vert, les clubs n'ont que deux options à savoir vendre ses talents ou augmenter leur capital. La première option devient de plus en plus problématique à cause du manque de rayonnement du championnat. La deuxième quant à elle oblige les investisseurs locaux à se mettre en retrait au profit d'acteurs étrangers. Or, cette solution ne serait pas viable sur le long terme et risque d'aboutir à une uberisation du secteur du foot.
À l'heure actuelle, seuls 4 clubs de D1A affichent un bilan positif. Le reste cumule des pertes de 213 millions d'euros. Pour s'en sortir, ils ne peuvent malheureusement pas compter sur les revenus européens générés par la Ligue des Champions ou la Ligue Europa. Ils sont obligés de miser sur les transferts qui comme déjà évoqué deviennent de plus en plus difficiles. D'ailleurs, si la balance était positive de 70 millions d'euros il y a cinq ans, elle est désormais déficitaire de 8 millions d'euros. Cela signifie que les clubs belges paient plus chers pour remplacer les talents qu'ils vendent à l'étranger.
Pour redresser les clubs pro, le championnat a mis en place un plan d'assainissement sur 5 ans. Celui-ci prévoit notamment une augmentation de revenus de 20 % annuels. Pour cela, il préconise notamment la lutte contre le renouvellement des dirigeants et donc l'ouverture à des capitaux étrangers. Selon Wim Lagae, professeur d'économie du sport à la KU Leuven, c'est grâce à une certaine stabilité au niveau de la direction que les clubs comme Bruges et Genk ont réussi à garder la tête hors de l'eau sur les dernières années. Des observateurs quant à eux proposent une solution plus drastique. Celle-ci consiste à réduire le nombre de clubs à 14 avec la possibilité de fusionner certains d'entre eux en fonction de la ville.