lundi 12 Février 2024
Le secteur des jeux d'argent commence l'année avec un nouveau bras de fer. Après avoir perdu la bataille contre l'interdiction de la publicité, puis celle pour supprimer le statut particulier de la Loterie nationale, les opérateurs privés doivent aujourd'hui faire face à un projet de loi assassin. Imaginé par le député écologiste Stefaan Van Hecke, celui-ci vise à renforcer encore plus la législation afin de supprimer définitivement la dernière marge de manœuvre des sociétés légales. Et comme toujours, la Loterie nationale n'est pas mentionnée dans le texte. Excédé, Bago monte à nouveau au créneau.
L'année commence mal pour les opérateurs privés. Un projet de loi visant à réformer la législation des jeux d'argent vient en effet d'être adopté par la Chambre des représentants. Rédigé par l'écologiste Stefaan Van Hecke, le texte vise notamment à relever l'âge légal à 21 ans pour l'ensemble du secteur. À noter que le Cendre Flamand d'expertise sur l'addiction avait déjà proposé cette solution pour lutter contre les dangers du jeu. D'autres restrictions sont également prévues, dont une limite de 275 euros par mois par jour pour les bonus offerts par les opérateurs. Ces offres ne seront également plus cumulables. La publicité pour les jeux de hasard a aussi été à nouveau évoquée avec une interdiction globale sur tous les médias à l'exception du site des opérateurs eux-mêmes. Enfin, les détendeurs de licences doivent respecter des règles plus strictes en matière de prévention et de lutte contre le jeu excessif. Celles-ci incluent notamment l'enregistrement systématique des joueurs, le contrôle des limites et la possibilité de s'auto-exclure. Selon Stefaan Van Hecke, ces mesures visent à protéger au mieux les profils les plus vulnérables. Il se félicite d'ailleurs d'avoir contribué à faire de la Belgique un des pays les plus progressistes en Europe en matière de protection des joueurs.
Pour l'association des opérateurs, BAGO (Belgian Association of Gaming Oprators), ce projet de loi est un texte assassin. L'interdiction de la pub va selon elle pousser les joueurs vers l'offre illégale. Pour cela, l'association se base sur l'essence même de la régulation du marché interne. L'idée était en effet de canaliser l'offre pour permettre aux joueurs de s'adonner à des jeux dans un environnement sécurisé qui met à leur disposition les outils nécessaires pour contrôler leur comportement de consommation. Pour atteindre cet objectif, cependant, les opérateurs légaux ont besoin de visibilité via la publicité. Avec l'interdiction, les joueurs sont désormais la proie des sites illégaux qui n'offrent aucune protection et ont une liberté infinie d'arnaquer les joueurs sans conséquence. De plus, ils possèdent un arsenal illimité pour promouvoir leur offre en ligne et hameçonner un maximum de citoyens belges.
Tom De Clercq, président de BAGO, fustige également l'interdiction de cumul des licences. Selon lui, les joueurs vont devoir désormais créer trois comptes pour s'adonner à tous les types de jeux proposés par un opérateur. Cela va compliquer le suivi de son activité et la prévention des comportements compulsifs. Enfin, BAGO rappelle qu'une série de mesures a déjà été proposée au gouvernement par l'ensemble de ses membres pour mieux protéger les joueurs. Parmi celles-ci, on peut citer le suivi des joueurs via l'analyse de données et l'intelligence artificielle. L'association avait également déjà proposé de créer un registre national des joueurs exclus, un système d'identification unique et une collaboration entre les autorités ainsi que les opérateurs pour lutter contre les sites illégaux. Aujourd'hui, BAGO réitère son appel au dialogue. À noter que le projet de loi doit encore être approuvé par le Sénat et le Conseil d'État.