L'étude du Professeur Bram Constandt : Les risques cachés des paris sportifs en Belgique
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mercredi 21 Août 2024
Alors que les paris sportifs gagnent en popularité, particulièrement chez les jeunes en Belgique, les dangers qui les accompagnent restent souvent sous-estimés. Malgré l'introduction de mesures législatives récentes pour encadrer la pratique, tels que l'interdiction de la publicité et la limitation des pertes, les risques financiers, sociaux et psychologiques demeurent élevés.
En Belgique, les paris sportifs connaissent une popularité grandissante, soutenue par l'accessibilité des plateformes en ligne. Cependant, cette expansion n'est pas sans conséquences, et le législateur belge a pris des mesures pour en limiter les dangers. Depuis le 1er juillet 2023, la publicité pour les jeux de hasard, y compris les paris sportifs, est interdite, et une limite hebdomadaire de perte de 200 euros par site de jeu a été instaurée. Ces mesures visent à protéger les parieurs, en particulier les jeunes, contre les risques d'addiction et de perte financière excessive. Le professeur Bram Constandt de l'Université de Gand (UGent) souligne les dangers persistants de cette pratique, malgré les nouvelles régulations.
En 2020, 576 000 Belges ont parié en ligne au moins une fois par semaine, générant des mises totales de 343 millions d'euros. Ce montant dépasse le budget annuel de grandes villes, illustrant l'ampleur du phénomène. Cette expansion rapide a été facilitée par la technologie, qui permet à chaque utilisateur de parier 24h/24 via son smartphone. Cependant, face à cette prolifération, le gouvernement belge a introduit une législation stricte pour tenter de contenir les dérives, interdisant toute forme de publicité pour les jeux de hasard à partir de juillet 2023.
Autrefois, les paris sportifs se concentraient sur les résultats finaux des matchs. Aujourd'hui, les options se sont diversifiées de manière exponentielle avec l'émergence des « micro bets ». Ces paris portent sur des éléments spécifiques et immédiats du jeu, comme le moment exact du prochain but ou le nombre de changements effectués par une équipe. Si ces paris augmentent l'engagement du joueur, ils augmentent également les risques de pertes cumulées, en piégeant les parieurs dans une spirale de paris incessants. La nouvelle limite de perte hebdomadaire de 200 euros par site de jeu vise à réduire l'impact financier de cette tentation permanente, mais elle ne supprime pas le risque d'addiction.
Les jeunes Belges, et plus particulièrement les hommes, sont les plus enclins à parier sur les événements sportifs. Une nouvelle génération de fans de sport émerge, incapable de regarder un match sans y ajouter l'adrénaline d'un pari. Cette dépendance grandissante à l'excitation des paris reflète un changement de paradigme dans la manière dont le sport est consommé. Les mesures législatives récentes, notamment l'interdiction de la publicité, cherchent à freiner cette tendance en limitant l'exposition des jeunes à ces pratiques risquées.
Un des mythes les plus persistants, entretenus par les publicités (désormais interdites), est l'idée que des connaissances en sport peuvent se traduire en gains financiers. Cependant, le professeur Constandt souligne que cette croyance est fausse : aucune corrélation n'a été prouvée entre l'expertise sportive et le succès dans les paris. En réalité, les parieurs finissent presque toujours par perdre de l'argent sur le long terme, ce qui justifie pleinement la décision du législateur d'encadrer plus strictement cette pratique.
Les paris sportifs ne sont pas simplement un divertissement inoffensif. Les experts en addiction qualifient cette pratique de « dépendance cachée ». Les effets destructeurs de cette addiction peuvent être tout aussi graves que ceux de l'alcool ou des drogues, menant à des pertes financières considérables, à l'isolement social, et dans les cas les plus graves, à la dépression ou même au suicide. La nouvelle limite de jeu de 200 euros par semaine, imposée en Belgique, est une tentative pour limiter ces impacts, mais la vigilance reste de mise.
Face à ces dangers, la question de la régulation des paris sportifs se pose avec acuité. Si l'interdiction de la publicité et la limitation des pertes sont des étapes importantes, elles ne suffisent pas à éliminer les risques. Le professeur Constandt n'appelle pas à l'interdiction totale des paris, mais plaide pour une réévaluation continue de leur promotion et de leur accessibilité, afin de protéger les parieurs, et surtout les jeunes, contre les dérives de cette pratique. Tout comme la publicité pour le tabac est aujourd'hui impensable, il est probable que la société future regardera la promotion des paris sportifs avec le même recul critique.
Les paris sportifs, bien qu'attrayants et populaires, nécessitent une prise de conscience collective des risques qu'ils comportent. Sans une régulation appropriée et une éducation sur les dangers potentiels, ce qui commence comme un jeu pourrait bien se transformer en un pari lourd de conséquences.
On relèvera que l'université de Flandre a affiché, dans les images d'illustration de cette vidéo, des visuels de marques non autorisés en Belgique comme 5:05 avec la marque Bet365, qui a été un temps dans la liste noire de la Commission de Jeux de Hasard.
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