mercredi 23 Octobre 2024
À partir de 2025, la majorité des clubs professionnels belges devront renoncer à la publicité pour les jeux de hasard sur leurs maillots. Cette interdiction, qui touche près des deux tiers des clubs, représente un défi financier de taille alors que des stratégies d'adaptation commencent à émerger. Focus sur une transition aux contours encore flous.
La Pro League, berceau des plus grands clubs du pays, se prépare à un bouleversement majeur. À partir de janvier 2025, les sociétés de jeux de hasard ne pourront plus apparaître sur les maillots des équipes professionnelles, marquant un tournant pour un secteur qui représente entre 10 et 15 % du sponsoring global des clubs de football. Sur les 29 clubs professionnels du pays, 19 devront s'adapter à cette nouvelle règle, car ils arborent actuellement des logos d'opérateurs de jeux d'argent sur leurs maillots.
L'interdiction découle d'une volonté plus large de limiter l'exposition des jeunes et des publics vulnérables aux messages publicitaires des sociétés de jeux d'argent. Cependant, elle n'est pas sans conséquence pour les clubs, qui doivent désormais explorer de nouvelles sources de revenus pour combler ce manque à gagner. «?Nous sommes en pleine recherche de nouveaux sponsors?», confie un dirigeant anonyme d'un club de la Pro League. Si les sociétés de jeux d'argent ne sont pas totalement exclues, elles devront désormais se contenter de placements plus discrets, comme sur les manches ou le dos des maillots, au moins jusqu'en 2028.
Cette nouvelle législation n'est pas un cas isolé en Europe. D'autres pays, tels que l'Espagne et le Royaume-Uni, ont déjà adopté des mesures similaires. Dans ces pays, certains clubs ont trouvé des solutions alternatives en faisant financer des initiatives communautaires par des sociétés de jeux. Cette stratégie leur permet de maintenir une forme de présence publicitaire sur leurs maillots, même indirectement.
En Belgique, des exemples concrets commencent déjà à apparaître. Le club de l'Antwerp, sponsorisé par Betfirst, envisage par exemple de remplacer ce logo par celui d'AntwerpFirst, une initiative communautaire du club. Une manière de contourner l'interdiction tout en respectant la loi. Le Beerschot, quant à lui, s'associe à la Star Casino Foundation, une organisation communautaire liée à son sponsor principal. Cependant, ces manœuvres ne sont pas sans risque, car elles sont étroitement surveillées par la Commission des jeux de hasard, prête à infliger des amendes pouvant aller jusqu'à 500.000 euros en cas de violation de la réglementation.
Alors que les clubs explorent des solutions pour s'adapter à la loi de 2025, un nouveau coup dur se profile à l'horizon. En 2028, l'interdiction sera étendue, et il ne sera plus permis à aucun club professionnel de faire apparaître des logos de jeux de hasard sur quelque partie que ce soit de leurs équipements. Les clubs amateurs, eux, ne pourront afficher ces logos qu'à des conditions strictes.
Certains opérateurs de jeux ont d'ores et déjà commencé à s'orienter vers le football amateur, proposant des offres de sponsoring plus abordables, une tendance qui pourrait se développer dans les années à venir. Toutefois, l'avenir de ces pratiques reste incertain alors que les régulateurs redoublent d'attention pour veiller à l'application stricte des nouvelles règles.
L'interdiction de la publicité pour les jeux de hasard représente un défi considérable pour le football belge, tant sur le plan économique que stratégique. Si des failles dans le système commencent à apparaître, la Commission des jeux de hasard reste attentive, et les clubs devront faire preuve d'ingéniosité pour assurer leur survie financière sans contrevenir à la réglementation.
D'ici à 2028, le paysage du sponsoring sportif en Belgique pourrait être complètement redessiné. Pour l'heure, les clubs belges avancent en terrain inconnu, entre contraintes réglementaires et nécessité de préserver leurs revenus, tout en évitant de «?jouer au plus fin?» face aux autorités.