vendredi 24 Mars 2023
La loi sur les jeux d'argent est sur le point d'être adoptée. Le texte prévoit une série de mesures qui visent à mieux protéger les joueurs et à limiter les comportements compulsifs. Parmi les passages les plus controversés se trouve bien entendu celui sur la publicité. Une fois la loi votée, le sponsoring sportif va disparaitre progressivement pour réduire l'exposition au jeu. La mesure inquiète les clubs et les fédérations qui craignent une baisse de leurs revenus. La Pro League a également indiqué une perte potentielle de 12 %.
La loi sur les jeux de hasard a été votée en première lecture devant la Commission Justice de la Chambre. Son adoption semble donc se préciser. Pour rappel, ce texte controversé vise à améliorer la protection des joueurs en réduisant notamment l'exposition à la publicité. Parmi les mesures prévues se trouve l'interdiction progressive du sponsoring sportif. D'ici janvier 2025, les pubs dans les stades auront disparu. À partir de 2028, les clubs ne pourront plus afficher le nom d'une société de paris sur leur maillot.
Cette mesure est fortement critiquée par les fédérations, mais aussi le championnat. La Pro League a notamment indiqué qu'elle ferait perdre 12 % de ses revenus. Les clubs sont également nombreux à nourrir une inquiétude sur la disparition du sponsoring. Il faut dire que beaucoup d'entre eux dépendent de ce levier pour assurer leur survie. Des équipes comme Bruges, Antwerp et Charleroi ont en effet une société de paris comme sponsor principal.
Selon le professeur Bram Constandt de l'Université de Gand, l'impact de l'interdiction du sponsoring sportif à relativiser. Il indique notamment que les chiffres avancés par les clubs et le championnat sont surévalués puisqu'ils devraient être minimisés par le délai d'adaptation. Il note également que cette baisse de revenus pourrait être bénéfique à certains clubs. Cela les obligerait en effet à chercher des sources alternatives qui leur éviteraient de dépendre entièrement d'un sponsor.
Du côté de ceux qui sont en faveur de la mesure, on met en avant l'exemple de la F1. En 2005, la publicité pour la cigarette est actée ce qui crée une polémique similaire. À l'époque, le tabac générait 350 millions de dollars de revenus. Les pertes potentielles étaient donc colossales surtout pour les plus petites écuries.
En 10 ans, cependant, la réalité est toute autre. Les équipes ont en effet réussi à survivre en générant d'ailleurs 750 millions de dollars grâce aux sponsors. Cette dissonance s'explique par le phénomène évoqué par le professeur Bram. Les écuries ont en effet été obligées de chercher d'autres sponsors notamment du côté des experts en technologie comme Dell ou HTC. Redbull, par exemple, vient de signer un accord record d'un demi-milliard avec Oracle.
L'interdiction du sponsoring en Belgique suivra-t-elle le même chemin ? Seul le temps le dira. En tout cas, le gouvernement maintient son pari. À noter que l'Espagne et l'Italie ont déjà appliqué l'interdiction du sponsoring tandis que la Premier League commence à étudier le sujet.