La France (ANJ) lance une campagne contre les casinos en ligne illégaux
» Commission des jeux de hasard » Jeux d'argent en ligne en Belgique
mercredi 16 Octobre 2024
L'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) en France vient de lancer une campagne pour sensibiliser le public aux dangers des casinos en ligne illégaux, un marché en pleine expansion. En Belgique, bien que le secteur soit plus encadré, les plateformes non régulées continuent d'attirer des joueurs, révélant des failles similaires dans la régulation. Le parallèle entre les deux pays montre que la lutte contre les sites illégaux reste un défi commun.
Le 8 octobre 2024, l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) en France a lancé une campagne intitulée "100% gagnant" pour alerter le public sur les risques liés aux casinos en ligne illégaux. L'initiative vise à sensibiliser les joueurs français aux dangers de ces plateformes non régulées, qui se multiplient malgré leur interdiction légale. Cette campagne, largement médiatisée, met en avant des problèmes comme l'addiction, le vol de données personnelles et l'absence totale de protection des joueurs.
En Belgique, bien que le cadre législatif soit différent, les autorités doivent également composer avec un marché illégal florissant. Selon une étude récente réalisée par Ipsos pour la Commission des Jeux de Hasard (CJH), environ 34% des joueurs belges qui ne parviennent pas à identifier une offre de jeux d'argent légale d'une plateformes illégales. Cette méconnaissance expose les joueurs à des risques similaires à ceux identifiés en France, même si la Belgique a adopté un cadre plus ouvert et diversifié en matière de jeux d'argent en ligne.
La France, depuis la loi de 2010, limite strictement les jeux d'argent en ligne aux paris sportifs, aux courses hippiques et au poker. Les casinos en ligne, en dehors du poker, sont donc formellement interdits. Cependant, la demande croissante pour ces jeux a ouvert la voie à une explosion de sites illégaux, qui attirent aujourd'hui plus de 4 millions de joueurs en France, dépassant pour la première fois le nombre de joueurs sur les sites régulés (3,6 millions).
La situation en Belgique n'est guère meilleure. Même si la loi belge autorise une gamme plus large de jeux d'argent en ligne, y compris les casinos virtuels, elle n'a pas réussi à contenir l'expansion des plateformes illégales. En effet, environ 60% du trafic des jeux d'argent en ligne en Belgique est généré par des sites non autorisés, malgré les efforts de la Commission des jeux de hasard pour bloquer ces plateformes, notamment avec sa liste noire. Le parallèle est frappant : l'attrait pour les jeux non régulés ne faiblit pas, et les stratégies des opérateurs illégaux se ressemblent de part et d'autre des frontières.
L'une des principales inquiétudes soulevées par l'ANJ dans sa campagne est la vulnérabilité des joueurs face à ces plateformes illégales. Les témoignages de joueurs pris dans l'engrenage de l'addiction sont nombreux, comme ce joueur français qui explique comment il a perdu des milliers d'euros en cherchant à compenser ses pertes sur des casinos en ligne frauduleux.
En Belgique, la CJH alerte également sur ces dangers. Les joueurs qui s'aventurent sur des sites illégaux ne bénéficient d'aucune protection, ni contre l'addiction, ni contre les pertes financières abusives, et encore moins contre le vol de données. De plus, contrairement aux plateformes légales qui doivent respecter des normes strictes de transparence et de sécurité, les sites non régulés échappent à tout contrôle. Cette opacité, couplée à des techniques marketing agressives (comme l'utilisation de deepfakes, comme on l'a vu récemment avec Kevin De Bruyne), met les joueurs dans des situations de grande précarité.
En réponse à l'ampleur du phénomène, l'ANJ a bloqué plus de 2 360 sites illégaux depuis mars 2022. Cependant, cette action se heurte à la résilience des plateformes, qui réapparaissent rapidement sous de nouvelles adresses URL. De la même manière, la Commission des jeux de hasard en Belgique a dressé une liste noire de sites interdits, mais les opérateurs illégaux s'adaptent rapidement pour contourner les blocages.
Cette bataille contre les casinos en ligne illégaux est rendue plus complexe par l'implication de cybercriminels basés à l'étranger, dans des juridictions où les contrôles sont laxistes, comme Curaçao. Que ce soit en Belgique ou en France, ces opérateurs illicites profitent des failles dans les systèmes de régulation et de la forte demande pour les jeux d'argent en ligne.
Face à la croissance des plateformes illégales, certains experts estiment que la légalisation des casinos en ligne pourrait assécher ce marché noir en offrant aux joueurs une alternative régulée. En France, cette idée fait débat, mais l'exemple belge montre que la légalisation ne résout pas tout. Malgré une offre légale de casinos en ligne en Belgique, une part importante des joueurs continue de fréquenter des sites illégaux.
Comme l'explique Gaëlle Palermo-Chevillard de l'ANJ, auprès de Franceinfo, "même dans les pays où les casinos en ligne sont légalisés, comme au Portugal, 40% des joueurs continuent d'utiliser des plateformes illégales". Ce constat s'applique également à la Belgique, où la régulation n'a pas suffi à éradiquer le marché parallèle.
Enfin, les régulateurs doivent faire face à un nouveau phénomène : les Jeux Numériques à Objets Monétisables (JONUM), qui mélangent les univers du gaming, de la finance et des jeux d'argent. Ces jeux, souvent liés à la technologie Web3, permettent aux joueurs d'acquérir des objets virtuels en échange d'argent réel, brouillant encore davantage les frontières de la légalité. Ce nouveau défi concerne autant la France que la Belgique et nécessite une attention accrue des autorités.
En définitive, la lutte contre les casinos en ligne illégaux est un défi commun à la Belgique et à la France. Si les approches divergent en fonction des cadres législatifs, les deux pays font face à une même réalité : l'attrait irrésistible des joueurs pour les plateformes non régulées et l'adaptation constante des opérateurs illégaux. L'initiative de l'ANJ en France, bien qu'ambitieuse, montre les limites de la régulation face à un phénomène international. La Belgique n'est pas en reste en terme de prévention, la CJH a récemment fait campagne lors de l'Euro 2024 pour sensibiliser à la dangerosité des paris en ligne avec le slogan « Ne pariez pas votre plaisir sportif ».
