lundi 3 Juin 2024
Une enquête révélée par l'émission de VTM "Ze zeggen dat" démontre que les mineurs peuvent acheter des cartes à gratter et jouer aux machines à sous sans difficulté, malgré les interdictions légales en vigueur. La Loterie Nationale exprime sa déception et des experts appellent à un renforcement des régulations.
Les jeunes belges accèdent facilement aux jeux de hasard, contournant ainsi les lois en vigueur qui interdisent ces pratiques aux mineurs. C'est ce qu'a révélé l'émission télévisée populaire de VTM "Ze zeggen dat" dans un reportage choc. L'enquête menée par les présentateurs Andy Peelman et Dina Tersago met en lumière une réalité préoccupante : malgré une interdiction stricte, les adolescents peuvent acheter des cartes à gratter et jouer aux machines à sous sans grande difficulté.
Pour cette enquête, quatre adolescents âgés de quatorze à quinze ans ont tenté d'acheter des cartes à gratter et de jouer sur des machines à sous dans divers points de vente. Le résultat est alarmant : dans douze des seize marchands de journaux visités, les jeunes ont pu jouer sur les machines à sous, et dans 20 des 30 magasins, ils ont réussi à acheter des cartes à gratter. Un adolescent a même acheté soixante-dix billets Win For Life, pour une valeur de 210 euros. Les vendeurs ne leur ont presque jamais demandé de justifier leur âge, certains allant même jusqu'à les aider dans leur démarche.
Face à ces révélations, la Loterie Nationale a exprimé sa déception. Malgré la mise en place de contrôles intensifs et de tests de conformité depuis 2013, le taux d'infraction reste élevé, oscillant entre 16 et 19 %. La Loterie souligne que tous les nouveaux points de vente sont soumis à une formation rigoureuse et que des campagnes de sensibilisation sont régulièrement menées via des modules d'e-learning. Cependant, les résultats de l'émission montrent qu'il reste beaucoup à faire.
Ronny Willemen, expert en addiction, a déclaré dans Het Laatste Nieuws qu'il y a heureusement peu de mineurs en Belgique qui sont accros aux jeux de hasard. Cependant, il souligne que de nombreux jeunes adultes cherchant de l'aide pour des problèmes de jeu ont souvent commencé à jouer à l'adolescence. La publicité pour les jeux de hasard contribue à normaliser cette pratique, rendant le jeu plus attractif pour les jeunes.
Willemen et la psychiatre Frieda Matthys, auteurs du livre « Le jeu n'est pas un jeu / Sur la voie de la guérison », plaident pour une réglementation plus stricte. Ils recommandent notamment l'instauration de limites de jeu globales et la révision des lois sur les jeux en ligne.
Les résultats de cette enquête tombent à point nommé, juste après que le Conseil supérieur de la santé a recommandé une interdiction totale de la publicité pour les jeux de hasard, y compris celle de la Loterie Nationale. Le CSS propose également de relever l'âge minimum pour jouer de 18 à 21 ans et d'améliorer les contrôles dans les points de vente, notamment en utilisant des technologies pour vérifier les cartes d'identité.
L'émission de VTM et les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé soulignent la nécessité urgente de réformes pour protéger les jeunes des dangers des jeux de hasard. Les autorités et les entreprises doivent intensifier leurs efforts pour faire respecter la loi et sensibiliser le public aux risques associés aux jeux de hasard.
Pour rappel, la loi concernant l'âge minimum d'accès aux jeux de hasard vient de se durcir en imposant une limite pour tous les types de jeux aux joueurs de plus de 21 ans et non plus 18 ans pour quelques exception. L'âge minimum de 21 ans pour l'accès aux jeux d'argent entrera en vigueur le 1er septembre 2024.