vendredi 18 Octobre 2024
Devenus incontournables pour la plupart des parents, les lunaparks représentent-ils un danger pour les mineurs ? Dans ces lieux de divertissement, il est en effet possible de retrouver des machines proposant de gagner divers lots contre une mise en argent. En plus de reposer sur un concept très proche de celui des jeux de casino, elles utilisent les mêmes mécanismes psychologiques afin d'induire une forme d'addiction. La question qui se pose est donc : Les lunaparks sont-ils des casinos ? Et pourquoi ? L'émission "On n'est pas des pigeons" répond à ces questions.
Qui n'a jamais tenté de remporter un lot à la pince à grappin lors d'une foire ? En plus d'être accessible, ce jeu possède l'avantage d'être ludique et particulièrement divertissant. Vous êtes-vous cependant déjà demandé d'où venait ce sentiment d'amusement et d'excitation ? Aurélien Cornil, professeur de psychologique à l'Université de Liège s'est posé la question et a mené une étude pour comprendre les mécanismes utilisés par les pinces à grappin.
D'après cet expert, celles-ci utiliseraient une technique déjà éprouvée du monde des jeux d'argent baptisée « near miss » ou « stratégie du presque gain ». L'idée est de donner l'illusion aux joueurs qu'ils ont failli remporter le gros lot. Cela se traduit par exemple par les rouleaux d'un bandit manchot qui semblent s'aligner sur le symbole du jackpot avant de se décaler sur un autre. Ce phénomène crée un sentiment d'excitation chez le joueur qui se dit : « J'ai presque gagné, ça va finir par marcher ». Il se trouve alors dans une situation de perpétuel espoir et de frustration qui le pousse à rejouer encore et encore.
Sauf qu'à la pince à grappin, le mécanisme est poussé encore plus loin. Ici, le joueur a l'illusion de contrôle puisque le jeu inclut des notions de timing. Il se dit qu'avec de la dextérité, il peut finir par empocher le gros lot. Malheureusement, aucune intervention extérieure ne peut influencer sur le comportement de la pince. Celle-ci est en effet programmée électroniquement à capter un lot uniquement après un certain nombre d'essais. Tout n'est donc que pur hasard.
Si les pinces à grappin utilisent le même mécanisme de hasard que les jeux de casino, pourquoi ne sont-elles pas considérées comme telles ? Selon la législation belge, les lunaparks ne peuvent pas être classés comme des établissements de jeu en raison des mises et des gains. Celles-ci seraient trop faibles pour être problématiques. D'ailleurs la loi les exclus de facto, les exceptions à la loi comprennent « les jeux des parcs d'attractions ou forains ».
Magali Clavie, la présente de la Commission des Jeux de Hasard (CJH), déplore d'ailleurs ce fait. Selon elle, la législation comporte un énorme vide juridique sur les notions de « faible mise » et « faible gain ». Elle pointe par exemple du doigt le fait que les foires proposent parfois des lots d'une valeur de plus de 1.000 euros sous la forme d'un iPhone ou d'autres gadgets. Ici, il est clairement nécessaire d'imposer une limite, car la perspective de gains importants entraine obligatoirement des mises élevées et un comportement plus addictif.
La présidente de la CJH tempère toutefois son propos concernant les risques pour les enfants dans les lunaparks. D'après elle, ces établissements ne sont pas dangereux en soi. Il est toutefois nécessaire d'éduquer les enfants et leur faire comprendre que : « l'on ne va pas dans un lunapark pour s'enrichir, mais pour s'amuser. Il faut aussi apprendre à l'enfant à se fixer une limite. Si je décide de jouer pour 10 euros et que je ne gagne rien, j'arrête. Point. Et je ne joue pas jusqu'à ce que je gagne quelque chose. »